Nous allons vous présenter dans cet article cette étape, qui à notre sens, est la plus importante après l’écriture. Nous vous présenterons ensuite une série d’entretiens avec chaque membre de notre équipe de réviseurs.
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Les 5 points-clés de la révision linguistique
Ce qu’il y a de radicalement nouveau dans l’autoédition c’est qu’elle offre la possibilité à tous ceux qui portent une idée de lui donner vie et de la partager avec le public, sans pourtant qu’ils soient écrivains.
Voici les principales raisons qui font qu’un manuscrit doit passer entre les mains d’un réviseur :

1/ La dimension humaine
Cela pourrait vous surprendre, mais c’est sans doute la plus intéressante : Un réviseur linguistique qui a accompagné des dizaines, voire des centaines d’auteurs, connaît bien la psychologie d’un écrivain. Il sait que sa mission est de l’écouter et de le conseiller jusqu’à la naissance du livre. Dans la mise au monde d’une œuvre, il y a ce petit côté sage-femme. Coïncidence ou pas, la révision est un métier majoritairement féminin. Grâce au mode de fonctionnement de BouquinBec, qui met en relation directe l’auteur avec ses collaborateurs, des relations privilégiées se créent souvent et se prolongent parfois même après la parution du livre.

2/ Le coeur du métier
La révision est un métier, qui requiert des compétences élevées dans le domaine linguistique, mais aussi une connaissance approfondie de toutes les règles typographiques. La ponctuation et la présentation du texte permettent de lui donner un aspect clair et élégant, une bonne présentation. Pour cela, il y a des centaines de règles que les auteurs ignorent généralement. Les négliger c’est affaiblir la lisibilité du manuscrit. La révision est un travail sur le sens et sur la forme.

3/ Le recul nécessaire
Prendre de la distance par rapport à son texte est une chose très difficile pour un auteur. Pour cela, il a besoin d’une personne de confiance, de quelqu’un d’indépendant qui pourra lui donner un avis objectif sur son travail et le cas échéant, l’aider à retravailler son manuscrit.

4/ Le style littéraire
Selon Buffon, le style c’est l’homme : dites-vous bien que votre réviseur va non seulement vous aider à rendre certaines de vos phrases plus fluides, à traquer les répétitions, mais il vous transmettra aussi des idées, des concepts et de nouvelles formes rhétoriques. C’est un travail de fond qui bonifiera votre manuscrit, vous fera progresser et vous permettra sûrement de produire un livre encore meilleur la prochaine fois. Car un style c’est comme le jeu d’un acteur, ça se construit avec le temps. Vous verrez comme c’est agréable de progresser dans la maîtrise du français. Ce n’est pas le moindre des avantages de travailler avec un très bon réviseur.

5/ La cohérence du texte
Traquer les incohérences est un travail très important si vous ne voulez pas vous attirer des remarques désobligeantes. Prenons un exemple très simple : si le héros de votre roman roule dans une Chevrolet Impala et que l’action de votre roman se situe en 1950, il y a un problème car cette voiture n’a été lancée sur le marché qu’en 1958.
Vous comprenez maintenant qu’il y a plusieurs dimensions qui se superposent dans un véritable travail de révision et que les fautes de français ne sont qu’un aspect du travail que mérite votre manuscrit.
Le point de vue de l’Office québécois de la langue française
La révision linguistique consiste à vérifier rigoureusement tous les aspects de la langue employée dans un texte. La personne qui révise se penche sur l’orthographe, la grammaire, la syntaxe, la ponctuation, le vocabulaire (par exemple, impropriétés, anglicismes, faux amis, barbarismes, répétitions, pléonasmes) et la typographie (par exemple, majuscules, italique, espacements avec la ponctuation, écriture des nombres, des abréviations et des symboles). Elle s’assure que tous les couples sont complets (par exemple, parenthèses ouvrante et fermante, guillemets ouvrants et fermants). Elle signale à l’auteur les ambiguïtés de certains passages. Elle vérifie aussi l’organisation logique du discours. Elle veille à la simplification des textes. Le réviseur ou la réviseuse effectue ces tâches tout en respectant l’intention de l’auteur.
Source : www.oqlf.gouv.qc.ca
Le point de vue de nos réviseurs
La tâche d’un réviseur est tellement riche qu’il nous a semblé utile d’interroger toute notre équipe de sept réviseurs sur leur façon d’aborder leur collaboration avec les auteurs. Successivement au cours des prochains articles, vous ferez la connaissance de tous les membres de notre équipe : Lina, Mario, Vicky, Christine, Emmanuelle, Carine et Isabelle.
Aujourd’hui, nous débuterons notre série d’entrevue sur la révision linguistique avec Lina Giguère, réviseure chez BouquinBec depuis 2017. Avant d’exercer le métier de rédactrice et de réviseure linguistique et stylistique, Lina a obtenu un diplôme en rédaction professionnelle et cumulé des crédits universitaires en création littéraire. Depuis, elle a été, en outre, journaliste et correctrice de magazines, rédactrice d’allocutions, puis coordonnatrice à l’édition chez un éditeur québécois réputé avant de se joindre à notre équipe de collaborateurs. Elle possède une approche à la fois professionnelle et très personnelle.

De quelle façon entrez-vous en relation avec les auteurs ?
L’une des choses qui importent pour moi est de bien accueillir l’auteur. Me rappeler qu’il me livre ce qu’il peut n’avoir confié à personne auparavant, comme ses peines, ses doutes, mais aussi ses opinions sur la société, ou ses petites folies. Je pense ici à la catégorie récit de vie ou roman. Pour la majorité des auteurs, il s’agit de leur premier livre. Bien souvent, ils ne s’imaginaient pas qu’ils réussiraient à aller au bout de leur projet d’écriture. Et parmi eux plusieurs ont rêvé d’abord d’être publiés par une maison d’édition, mais ils ont essuyé des refus, sans obtenir beaucoup d’explications. Cela ne veut pas dire que leur livre ne soit pas bon, mais seulement que l’éditeur n’était pas sûr de rentrer dans son argent avec leur manuscrit. Les auteurs plus convaincus ont choisi de surmonter leur déception et de publier à compte d’auteur, c’est pourquoi ils méritent que je les accueille avec respect.
Que pensez-vous de l’autoédition ?
L’autoédition permet aux auteurs d’aller au bout de leur rêve, d’exprimer leur point de vue, de raconter des choses qu’ils ont vécues, de se dévoiler. Je considère que tout ce qui nous touche émotionnellement mérite d’être exprimé, et dans le cas qui nous intéresse, d’être écrit, donc lu. L’autoédition permet de réaliser ce genre de projet personnel. Le réviseur intervient ici comme le premier lecteur, la première oreille, et la personne de confiance sur qui l’auteur pourra s’appuyer pour mener à terme son projet d’édition.

Concrètement, de quelle façon entamez-vous le travail avec un auteur ?
L’auteur a une idée du travail que j’effectuerai dans son texte avec l’exemple de correction qu’il aura reçu avec ma soumission. Si ça lui convient, je l’accepte comme une marque de confiance. Et pour que je puisse travailler librement, j’ai besoin de cette approbation. J’en ai besoin pour clarifier et peaufiner avec art et techniques le récit ou l’essai que j’ai sous les yeux. En tous points, mon intention est de servir l’auteur, de faire en sorte que le texte final lui ressemble et comble ses attentes. J’ai beaucoup de respect et d’admiration pour ceux qui mettent l’effort nécessaire dans l’écriture d’un livre. Ce n’est pas facile d’écrire. J’accueille le travail qu’on me confie comme une faveur.
Est-ce qu’on peut dire que l’accompagnement est une dimension au moins aussi importante que la technique linguistique ? Est-ce que votre travail ne consiste pas à accompagner l’auteur vers sa destination ?
La révision linguistique va beaucoup plus loin que simplement corriger les fautes. Ça, une machine peut le faire. Encore que le logiciel de correction ne fait pas la différence grammaticale entre les expressions le verre plein et le ver plein, par exemple. Il fait fi des subtilités. En tant que réviseur, on corrige les fautes, bien sûr, mais on s’arrête également sur ce qu’il y a entre les lignes : le sens, la cohérence, les ambiguïtés. Aussi on agit comme le ferait un éditeur, par exemple on peut suggérer à l’auteur d’ajouter de l’émotion dans ses dialogues, de la description dans ses narrations, de clarifier ses idées, de créer des enchaînements entre des phrases ou des paragraphes. Choses avec lesquelles on peut aller de l’avant pour économiser du temps, et si l’auteur nous y autorise. Quoi que nous fassions comme réviseur, c’est à l’auteur que revient le dernier mot et il peut choisir de refuser nos modifications.
Je peux résumer mon accompagnement en deux mots : aide et respect ; avec la volonté que l’auteur fasse bonne figure dans le public. Oui je suis une sorte de guide qui aide les auteurs à trouver leur voie et éviter les écueils.

Lorsqu’on vous écoute, on remarque que la psychologie des auteurs vous intéresse particulièrement.
Lorsque j’entre dans le texte d’un auteur, j’ai accès à sa personnalité, je décèle certaines facettes de son tempérament, par ses tics de langage notamment. J’en apprends sur ses valeurs, ses attitudes, son rythme, son éducation. J’en tiens compte dans mon travail sur le manuscrit. Lorsque j’apporte des améliorations, comme insérer des enchaînements et des verbes introducteurs ou que j’élimine des mots qui se répètent, j’essaie le plus possible de le faire en imitant le style de l’auteur. C’est pourquoi si un auteur se contente de faire appel à une personne qui est bonne en français pour corriger ses fautes, ces subtilités psychologiques risquent de lui échapper et l’effet sur le résultat s’en ressentira. Le livre pourrait être un mélange regrettable de styles et de niveaux de langage.
Je sais que j’ai réussi une révision linguistique lorsque je parviens à me confondre avec l’auteur, lorsque je constate que nous utilisons les mêmes termes, le même vocabulaire pour signifier une même chose.
Qu’est-ce que vous préférez dans la révision ?
C’est un métier que j’exerce pour ma part dans le silence ou avec une musique très douce et que je peux faire n’importe où, et en tant que voyageuse et promeneuse c’est quelque chose qui me convient. Ce qui n’exclut pas que je trouve tout de même cela exigeant, réviser ou éditer un livre est long et requiert une énorme concentration. Naturellement le niveau d’exigence varie selon le type de texte à corriger ou la qualité des écrits que je reçois.

En tant que réviseure, j’apprécie aussi la relation plus personnelle que je développe parfois avec certains auteurs et qui peut me faire du bien. Étonnamment, je reçois souvent des manuscrits qui tombent à point dans ma vie. Mais tout ce que je lis m’enseigne quelque chose, me permet d’approfondir ma réflexion sur des sujets qui me sont moins familiers ou de m’initier à des réalités nouvelles. Ici je pense notamment aux personnes immigrantes ou à celles qui ont vécu des difficultés personnelles dans leur vie, pertes, abus, maladie mentale, etc.

Merci Lina pour votre temps et pour ces réponses éclairantes sur ce passionnant sujet de la révision !
Dans les prochains articles de notre blogue, vous découvrirez les points de vue des six autres réviseurs de notre équipe de collaborateurs : la vision commune qui les rassemble, ainsi que les spécificités personnelles de chacun.
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